A voir sur Netflix : TIN & TINA.
Espagne, 1981. Le jour de son mariage, Lola souffre d’une hémorragie interne et perd le bébé qu’elle attendait. Pire encore, on rapporte à l’hôpital qu’elle a aussi perdu la capacité d’être enceinte. Quelques mois plus tard et alors que Lola est toujours déprimée par la tragédie, Adolfo, son mari, la convainc d’adopter un bébé dans un couvent proche de la ville. Mais au lieu d’adopter un bébé, Lola décide d’adopter Tin et Tina, deux adorables frères jumeaux doués pour la musique. Cependant, Lola découvre à cause de leur ascension au couvent que Tin et Tina sont des religieux effrénées qui interprètent textuellement la Sainte Bible, sans se soucier des conséquences. Obsédés par le Christ, Dieu et le salut, leur attitude et leur comportement transforment leur vie de famille paisible en un enfer plein de peur. Alors qu’un père absent, Adolfo, rejette les accusations de Lola simplement comme des trucs d’enfant, Lola s’évanouit le soir du Nouvel An juste pour réaliser quelque chose d’impossible : elle est de nouveau enceinte. Prenant cela comme un miracle, la nouvelle la rend heureuse, elle et Adolfo, mais Lola devient obsessionnelle en pensant que Tin et Tina mettraient en danger elle et le bébé cherchant à obtenir la rédemption céleste…
. S’apparentant à « Orphan » thématiquement, avec des réminiscences de « L’Autre » de Robert Mulligan, « Tin & Tina » s’avère néanmoins parfaitement original, traitant de manière innovante le thème de la possession religieuse. Le rythme lent du film est ce qui en constitue (paradoxalement) tout l’intérêt, car il nous installe progressivement dans un climat d’insécurité totale. L’histoire est évolutive, et jamais répétitive. Toute l’attention se porte sur les personnages, et la direction d’acteur excellente. Les deux enfants-vedettes du film (qui ressemblent à ceux du « Village des damnés ») sont bluffants. Sur le plan purement artistique, le film est trés soigné, avec une photo très soignée, des décors convaincants (une grande villa située au milieu de nulle part). C’est en fait essentiellement un film d’horreur psychologique, qui démontre une fois de plus tout le talent (immense) des cinéastes espagnols. Plus le film progresse, plus il est intense. Qu’on ne s’attende pas à un film rempli d’effets-choc, il n’y en a pas (ou trés peu). C’est avant tout un film perturbant, reposa nt notamment sur l’ambiguïté (ce qui est la base même du fantastique). Il y a beaucoup de retournements de situation qui font que le suspense demeure constant. Il possède également une dimension politique et sociale intéressante (se passant juste après la chute du franquisme, décrivant l’Espagne et la société espagnole des années 1980).
Bref, sans le déflorer davantage, je vous le recommande vivement ! A voir donc absolument, sur Netflix.
Alain Schlockoff