Alberto De Martino : la série B italienne en deuil (voir ci-dessous)

mercredi 15 juillet 2015

 

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Cinéaste ayant abordé tous les genres, Alberto De Martino, l’auteur de L’incroyable Homme-Puma, s`est éteint le 2 juin dernier à Rome, ville où il avait vu le jour 86 ans plus tôt. Figure du cinéma populaire transalpin dans les années 60 et 70, De Martino, après avoir de brèves apparitions en tant que comédien, débute […]

Cinéaste ayant abordé tous les genres, Alberto De Martino, l’auteur de L’incroyable Homme-Puma, s`est éteint le 2 juin dernier à Rome, ville où il avait vu le jour 86 ans plus tôt.

Figure du cinéma populaire transalpin dans les années 60 et 70, De Martino, après avoir de brèves apparitions en tant que comédien, débute sa carrière en 1951, comme assistant monteur puis comme assistant réalisateur sur des films tels que « Noi Siamo le Colonne » de Luigi Filippo D`Amico avec Vittorio De Sica, « Thésée et le Minotaure » de Silvio Amado ou le documentaire « Indes Fabuleuses ». Parallèlement, il rédige le script de « Mantelli e spade insanguinate », une adaptation des «Trois Mousquetaires» dirigée par Nathan Juran et Frank McDonald avant de passer en 1961, derrière la caméra et de réaliser « Le Gladiateur Invincible » interprété par Richard Harrison. A partir de là, De Martino enchaîne les tournages et met en boite un western Due Contro Tutti, puis un second péplum « Percée L’invincible », où Richard Harrison campe un héros de la mythologie aux prises avec Méduse, une créature improbable ressemblant à un arbre à tentacules (et conçue par Carlo Rambaldi, futur concepteur de E.T.). En 1963, il fait sa première incursion dans le cinéma d`épouvante et livre « Le Manoir de la Terreur », surprenant film à l`atmosphère gothique et qui s`inspire très librement de «La Chute de la Maison Usher» d`Edgar Allan Poe. Ce film, méconnu, à la photographie soignée, confirme le sens du rythme de De Martino qui signe pour la première fois sous le pseudonyme de Martin Herbert qu’il réutilisera, par la suite, à plusieurs reprises. Au milieu des années 60, le cinéaste multiplie les projets et tourne jusqu’à trois films par an, allant du péplum (Le triomphe d’Hercule) au western (A l’assaut du Fort Worth, Django tire le premier) en passant par le polar (Rome comme Chicago, où John Cassavetes incarne un gangster lancé sur les traces de son ancien complice). En 1970, il prend part, en tant que réalisateur de seconde équipe, au tournage d’Il était une fois… la Révolution, de son ami Sergio Leone puis dirige « Dernier Appel », un honorable thriller horrifique ayant pour vedette Telly Savalas. Mais c’est en 1974, avec « L’Antéchrist » que le cinéaste acquiert une renommée internationale. Surfant sur le succès de « L’Exorciste » dont elle reprend la trame, cette histoire de possession, au budget serré, offre quelques séquences hallucinantes (comme celle du rituel maléfique) qui ont le mérite de marquer les esprits. Autres atouts de ce métrage : sa musique, composée en partie par Ennio Morricone et sa photographie soignée, due à Joe d’Amato (Blue Holocaust). Fort du succès rencontré par cette série B, De Martino poursuit dans la veine diabolique et, profitant du triomphe de « La Malédiction » distribué quelques mois plus tôt, réalise en 1977, « Holocauste 2000 », une œuvre surprenante qui mêle apocalypse et mises en garde écologiques. Interprété par Kirk Douglas et doté d’un budget plus conséquent que la plupart des productions du réalisateur, ce film est sans aucun doute le plus connu de De Martino qui, bizarrement, va dans les années 80 voir sa carrière battre de l’aile non sans avoir auparavant offert au Fantastique trois autres titres comme l’intéressant thriller horrifique « Blood Link » avec Michael Moriarty, « Miami Golem », une production de SF sans envergure mais aussi et surtout « L’incroyable Homme-Puma », film de super-héros devenu culte auprès des amateurs de cinéma inclassable. Après un ultime long métrage, « Formule pour un meurtre », réalisé en 1985, Alberto De Martino abandonne définitivement la caméra pour se consacrer à la traduction et aux doublages de films étrangers.
Ayant tiré sa révérence à 86 ans, il laisse derrière lui, en tant que réalisateur et scénariste, une œuvre éclectique et variée, représentative d’un certain âge d’or du cinéma populaire italien.

Erwan BARGAIN