LA CRITIQE DE L’EF
BARBIE
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USA. 2023. Réal.: Greta Gerwig. Scén.: Greta Gerwig et Noah Noah Baumbach. Prod.: Tom Ackerley, Robbie Brenner, David Heyman et Margot Robbie. Mus.: Mark Ronson et Andrew Wyatt. Photo : Rodrigo Prieto. Mont.: Nick Houy. Décors : Sarah Greenwood. 1h54. Avec : Margot Robbie, Ryan Gosling, Ariana Greenblatt, America Ferrera, Will Ferrer, John Cena. Dist. : Warner.
SORTIE : 19 juillet 2023.
Parallèlement au monde réel, existe Barbieland, un univers en plastique coloré où les poupées Barbie vivent dans la joie et l’insouciance. Mais un jour, la Barbie stéréotypée commence à avoir une crise existentielle, crise qui risque de remettre en question l’univers harmonieux de ce pays enchanté et sans apérité. La seule solution qui s’offre à elle : partir dans le monde réel afin de retrouver la petite fille à qui elle appartient. Ken, qui est éperdument amoureux d’elle, va l’accompagner dans sa quête…
Avec sa campagne promotionnelle monumentale et son casting quatre étoiles, Barbie comptait parmi les blockbusters les plus attendus de l’année. Et autant l’avouer, l’attente en valait la peine. Car, si certains pouvaient logiquement être dubitatifs quant à la transposition, à l’écran, des aventures de la célèbre poupée Mattel, force est de reconnaitre que Greta Gerwig a relevé le défi haut main. Mieux : la cinéaste, qui évoluait jusqu’ici dans le milieu du cinéma indépendant, signe un film miraculeux qui s’impose instantanément comme un futur classique de la pop culture. Avec son compagnon, le réalisateur Noah Baumbach (Frances Ha, White Noise), Gerwig a imaginé une histoire azimutée et véritablement engagée qui divertit autant qu’elle invite à la réflexion. Dès les premières minutes de projection le ton est donné et le spectateur, après une introduction montrant des petites filles contraintes, avec leurs poupées, de jouer à la maman, est catapulté à Barbieland, un univers aux couleurs vives où toutes les Barbie, quel que soit leur physique ou leur couleur de peau, vivent dans la joie et l’allégresse. Aidée par de fabuleux décors (conçus par Sarah Greenwood), la cinéaste titille aussitôt l’imaginaire collectif du public qui se laisse emporter en quelques secondes dans ce conte volontairement kitsch et déjanté. S’appuyant sur une mise en scène précise, rythmée et d’une efficacité redoutable, Gerwig nous gratifie de séquences toutes plus désopilantes et spectaculaires les unes que les autres (cf.: quand les héros empruntent différents moyens de transports pour accéder au monde réel ou encore au domicile de la Barbie bizarre). Les dialogues, en outre, sont truffés de références et possèdent différents niveaux de lecture dont se délecteront les plus âgés. Mais ce qui fait toute la qualité de cette super production est le message ouvertement féministe qu’elle développe et la charge sans appel qu’elle livre envers le patriarcat et l’ultra-libéralisme (cf. la mise en scène de l’entreprise Mattel). Car Barbie n’est pas un blockbuster écervelé, bien au contraire. C’est un manifeste pop pour la parité et l’acceptation de soi, un réquisitoire contre le consumérisme et les diktats d’une société de l’image et du tout à l’égo. Et même si parfois, le propos peut manquer de nuance et de subtilité, il fait plaisir à voir dans un métrage de cette ampleur. Et puis, impossible de conclure ces quelques lignes sans évoquer l’interprétation de Margot Robbie (également coproductrice du métrage), géniale dans la peau de l’héroïne, mais aussi et surtout de Ryan Gosling qui incarne un Ken mémorable. En résulte l’un des blockbusters les plus funs et les plus intelligents de ces dernières années.
Erwan BARGAIN