critique de PROMETHEUS (voir ci-desssous)

lundi 4 juin 2012

 

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PROMETHEUS Alien le retour ? Plus compliqué que ça, et légèrement contradictoire USA. 2012. Réal.: Ridley Scott. Scén. : Damon Lindelof, Jon Spaithts, Ridley Scott. Prod. : David Gilder, Walter Hill, Ridley Scott, Tony Scott. Photo : Darius Wolski. Mus. : Marc Streitenfeld. Mont. :Pietro Scala. Dir. art.: Arthur Max. Effets visuels : Richard Stammers. […]

PROMETHEUS
Alien le retour ? Plus compliqué que ça, et légèrement contradictoire

USA. 2012. Réal.: Ridley Scott. Scén. : Damon Lindelof, Jon Spaithts, Ridley Scott. Prod. : David Gilder, Walter Hill, Ridley Scott, Tony Scott. Photo : Darius Wolski. Mus. : Marc Streitenfeld. Mont. :Pietro Scala. Dir. art.: Arthur Max. Effets visuels : Richard Stammers. Dist.: Twenthief Century Fox France. 2h04. Avec : Michael Fassbender, Charlize Theron, Noomi Rapace, Idris Elba, Patrick Wilson, Guy Perace, Rafe Spall, Logan Marshall-Green. SORTIE : 30 MAI 2012

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Un paysage d’Islande parcouru en travelling avant, ces indices de présences indicibles – un géant qui recrache son ADN dans l’eau effervescente, un immense vaisseau lenticulaire qui lentement s’élève vers l’ailleurs – c’est bien le 2001 de Kubrick qui modèle l’encartage de Prometheus, avec cette idée, remontant, bien avant Clarke, à des auteurs comme Erich Von Däniken, selon laquelle l’Homme aurait été créé par des “Dieux” E.-T. très incarnés… La référence à Prométhée, ce gigantesque visage enfermé dans une caverne et rappelant les statues de l’île de Pâques confirment cet encrage, soutenu par une religiosité diffuse portée par Elizabeth Shaw, laquelle, même devant l’évidence que les Space Jockeys (ou les «Ingénieurs») sont bien les concepteurs de la race humaine, continue à s’accrocher désespérément à la petite croix qu’elle porte au cou. Cependant, les référents kubricko-clarkiens une fois digérés, c’est bien l’univers d’Alien qu’on retrouve, cet univers à conquérir où les vaisseaux d’exploration ont déjà un look de soutiers (à ce titre, le Prometheus est une merveille de design industriel), où la Weyland Corporation envoie déjà dans l’espace une executive woman de glace (Charlize Theron qui se voit demander par le capitaine si elle n’est pas un robot, et réplique : «Dans dix minutes dans ma chambre !»), mais où les embûches sont au rendez-vous. Avec, et c’est ici que le bât blesse quelque peu, maintes séquences rédupliquées sans grand effort de variance : l’atterrissage sur une planète brumeuse, la découverte d’un artefact étranger, les créatures au premier stade de leur développement surgissant de leur conteneur, crevant les casques et s’introduisant dans le conduit œsophagien (ici de simples vers au lieu du terrible Face Hugger), et jusqu’à la tête de l’androïde David 8 décapité (parfait Michael Fassbender), qui continue à bavarder. Quant au fait que l’intrépide et mystique Elizabeth shaw (une Noomi Rapace qui, plus qu’à Ripley, fait penser à l’astrophysicienne Jodie Foster dans Contact), soit inséminée et porte le fœtus fatal, c’est aux opus 3 et 4 qu’il faut aller en chercher l’idée. Si le film paraît ainsi bancal quant à son scénario – en tout cas certains de ses ingrédients – c’est qu’il hésite un peu trop visiblement entre le remake et la préquelle, allant jusqu’à tomber dans certaines incohérences (pourquoi le vaisseau Alien du début ressemble-t-il à une soucoupe volante au lieu d’aborder sa forme habituelle de boomerang ?) ou ratages (on pense, après le crash, retrouver le Space Jockey mort sur son siège de pilotage, victime d’un chestburster, ce qui relierait Prometheus au premier Alien, alors que le géant s’en échappe et subit un autre sort). Il existe donc un décalage certain entre des intentions aléatoires et leur mise en forme, elle d’une beauté à couper le souffle : qu’on pense à cette vue spatiale où le vaisseau n’est qu’une minuscule étincelle au bas de l’écran, traçant sa trajectoire rectiligne devant une gigantesque planète saturnienne, ou le crash monumental du vaisseau alien. Des séquences comme l’auto-extraction du fœtus du ventre d’Elizabeth à l’intérieur du caisson de quarantaine apportent leur lot de suspense horrifique à une œuvre qui reste en devenir, puisque sa fin ouverte, qu’on pourrait – retour à 2001 – sous-titrer “Vers l’infini”, laisse promettre le second volet d’une trilogie où le véritable sujet de ce premier opus (qui sont les Ingénieurs, pourquoi nous ont-ils créés, que veulent-ils faire de nous ?) demeure en suspens.

Jean-Pierre Andrevon