Acteur et réalisateur chevronné, Eddie Garcia (90 ans) est mort le 20 juin. Né sous le nom d’Eduardo Verchez García en 1929, véritable star du cinéma made in Philippines, il a eu une longue carrière aussi bien sur le grand que le petit écran. En tant que comédien, celle-ci s’est étendue sur sept décennies, cumulant quelque 653 rôles ! Il est largement considéré comme le plus grand acteur philippin de tous les temps. Parmi ses prestations les plus célèbres pour les fantasticophiles figurent Curse of the Vampires (1966) de Gerardo de Leon, où une famille devient vampirisée, Beast of Blood (1970), où un scientifique crée un monstre et après que celui-ci ait été décapité, le conserve vivant grâce à un sérum de son invention, et Beast of the Yellow Night (1971), où un homme qui a vendu son âme au diable se voit transformé en bête sanglante, ces deux derniers titres signés Eddie Romero, tous trois étant coproduits par les USA, à l’instar de The Twilight People (1972), du même Romero, dérivé de L’Ile du Dr. Moreau, et de Beyond Atlantis (1973), avec Patrick Wayne, où des aventuriers envahissent une île abritant un trésor protégé par des créatures amphibies.
Dans le genre qui nous concerne, on relèvera de nombreux autres titres intéressants. Ainsi Devil Woman (1970) (la sorcière d’un village envoie des serpents qu’elle contrôle tuer ses ennemis), de Jose Flores Sibal, Durando (1970) (mêlant drame et fantastique) de Leroy Salvador, Batuta ni Drakula (1971) (comédie d’horreur où Garcia incarne le prince des ténèbres) de Luis San Juan, Halik ng Vampira (1972) de Jose Flores Sibal, Living Dead (1972) de Tony Cayado, Lipad, Darna, lipad ! (1973) (une trilogie, qui remporta un vif succès, où l’on retrouve vampires et femme-serpent) d’Emmanuel H. Borlaza, Joey Gosiengfiao et Elwood Perez. The Magic World of Pedro Penduko (1973) de Celso Ad. Castillo est une fantasy truffée de monstres dont un dragon, inspirée d’une série de comics, qui engendrera des suites, tandis que la même année voit Super Gee, d’Armando Garces, mêlant action, comédie et fantastique. En 1974, ce sera The Devil’s Daughter d’Howard Petersen et Black Mamba, de George Rowe, où un physicien américain vivant aux Philippines se bat avec une diabolique sorcière. Le film dut attendre, pour des raisons légales, la mort de son producteur, le comédien John Ashley, en 1997, pour sortir en salle. Maligno (1977), de Celso Ad. Castrillo, second volet d’un récit d’horreur après Let’s Frighten Barbara to Death (1974), réunissant le même casting, est un film dans la lignée de Rosemary’s Baby, où des satanistes attirent un jeune couple dont la femme attend un enfant, Eddie Garcia campant le maître de cérémonie. Plus récemment, dans Ika-sampu (2010), de Macky Derpo, la descendante d’une riche lignée espagnole hérite de la maison familiale, laquelle se trouve hantée, Eddie Garcia interprétant un général, grand-père de l’héroïne. Plus léger, The Amazing Praybeyt Benjamin (2014) de Wenn V. Deramas, voit un soldat chargé de protéger un enfant, véritable génie dont l’intelligence est nécessaire pour contrecarrer les plans d’un méchant maléfique. Dans Ang Panday (2017) de et avec Coco Martin, un jeune forgeron réalise son destin lorsqu’un démon malveillant voulant diriger le monde déchaîne une armée de créatures sur l’humanité. Eddie Garcia aura un rôle récurrent dans une demi-douzaine de séries TV fantastiques, dont « Darna » (2009), présentant une super-héroïne à la Wonder Woman, et « Third Eye » (2012), mêlant suspense, surréalisme et paranormal. En tant que metteur en scène, il a tourné 37 longs-métrages, débutant en 1961 avec le film de guerre Karugton ng kahapon, son dernier étant le drame Abakada… Ina en 2001. Faisant souvent, au début de sa carrière, intervenir la vedette de film d’action Tony Ferrer, dans le rôle récurrent de Tony Falcon, alias l’Agent X-44, il s’orientera ensuite vers les drames et les romances, où apparaitra fréquemment l’actrice Vilma Santos, ne se mettant que rarement en scène lui-même. Il gagnera 5 fois le prix du meilleur réalisateur.