EN SALLES
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(Kagami no koju). Japon. 2022. Réal.: Keichi Hara et Takakazu Nagatomo.
La jeune Kokoro, victime de harcèlement de la part d’une de ses copines, se renferme elle, refusant d’aller à l’école. Un matin, elle voit le miroir de sa chambre s’illuminer. Comme chez Cocteau, elle le travers pour se retrouver dans un château énigmatique surgi de la mer au sommet d’un pic où elle rencontre de six autres adolescents qui, comme elle, souffrent de problèmes de déscolarisation. Apparaît une fillette portant un masque de loup, la reine Louve, qui leur soumet un deal : retrouver dans la bâtisse une clé qui leur permettra de réaliser un souhait. Ils ont pour cela une année entière, et doivent impérativement rentrer chez eux en repassant par leur miroir, sous peine de se voir exclure du jeu…
Tiré du roman à succès de l’autrice Mizuki Tsujimura, également décliné en manga, le film Keichi Hara (Wonderland, le Royaume sans pluie en 2019), en voulant aborder le problème du harcèlement scolaire particulièrement aigu dans son pays (ayant causé 514 suicides en 2022), s’égare dans nombre de pistes abordées successivement – les sept collégiens viennent de la même école mais d’univers parallèles, sept années les séparent tous les uns des autres – qui ne semblent pas vraiment nécessaires, les constants aller-retour entre le château et le quotidien, meublés de longs bavardages, ne faisant rien pour soutenir l’attention. Et il faut attendre la fin du métrage pour que l’on ressente véritablement la gravité de quelques cas : une agression incestueuse suggérée pour l’un, la mort précoce de la sœur aînée d’un autre. Dessiné de manière élégante mais plutôt froide, animé avec cette raideur caractéristique de beaucoup d’animes japonais, le film est certes cousu de bonnes intentions, mais pourquoi complexifier à ce point un message qui aurait gagné à plus de simplicité ?
Jean-Pierre ANDREVON
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