Universal change de stratégie concernant les projets autour de ses célèbres monstres.
Il fallait s’y attendre : après l’échec de La Momie, premier opus – maladroitement conçu – du cycle, le fameux « Monsterverse » envisagé par Universal est en péril. Les personnages du Loup-Garou, de La Fiancée de Frankenstein et de l’Homme Invisible devaient, on s’en souvient, tous être explorés dans un univers interconnecté, façon Marvel ou DC. Six mois après qu’Universal a publié une photo de casting très éloquente promettant une série de films mettant en vedette des acteurs du calibre de Johnny Depp, Russell Crowe ou Javier Bardem, aucun des projets annoncés n’est en chantier. Les producteurs-scénaristes Alex Kurtzman et Chris Morgan, qui avaient été embauchés comme concepteurs pour l’univers en question, ont quitté le navire. Kurtzman, dont le contrat avec Universal a expiré en septembre, se concentre à présent sur la télévision (il est l’un des producteurs exécutifs de « Star Trek : Discovery » de CBS, son accord général avec la firme impliquant par ailleurs plus d’une demi-douzaine de shows) tandis que Morgan est retourné à la franchise Fast and Furious et écrit un spin-off pour Dwayne Johnson et Jason Statham. Début octobre, Universal avait mis un frein à la préproduction débutée à Londres de La Fiancée de Frankenstein – qui devait succéder à La Momie et constituer la deuxième entrée de la série – en partie parce que les producteurs exécutifs pensaient que le script du scénariste-réalisateur Bill Condon n’était pas encore prêt. Angelina Jolie avait été courtisée pour être en tête d’affiche, mais n’est à présent plus liée au projet. Bill Condon (La Belle et la Bête) demeure quant à lui attaché, mais aucune date n’a été fixée pour reprendre le travail, la sortie initialement fixée au 14 février 2019 ayant été ajournée. Rappelons que sorti en juin, le film de Tom Cruise avait rapporté 409 M$ dans le monde, pour un budget annoncé de plus de 125 M$ (et probablement plus élevé), sans compter les coûts de marketing estimés à au moins 100 M$. Universal explore, depuis, ses options. L’une d’elles consisterait à proposer la propriété intellectuelle à des réalisateurs ou des producteurs de renom (tel Jason Blum) avec des idées de films uniques non reliés à un univers plus large. Le studio pourrait par ailleurs trouver un nouvel architecte pour refondre le concept. « Nous avons appris de nombreuses leçons tout au long du processus de création du Dark Universe jusqu’à présent », déclare Peter Cramer, président de la production Universal, « et nous voyons ces titres comme des véhicules à proposer à des cinéastes dotés de leur propre vision. Nous ne nous pressons pas pour fixer une date de sortie et irons de l’avant avec ces films quand nous penserons avoir les meilleures versions de chacun de ces projets ».