Le légendaire producteur Menahem Golan (85 ans) est décédé le 8 août à Jaffa, en Israël, contrée dont il était originaire, de même que son cousin Yoram Globus, avec lequel il avait dirigé la firme Cannon Films, produisant des centaines de métrages tout au long d`une carrière prolifique, souvent pittoresque mais surtout diversifiée.
Le duo, réuni en 1963 à l`occasion de « El Dorado », et formant alors la société Noah Films pour le marché local (« Sallah Shabat »i, tourné en 1964, obtiendra une nomination aux Oscars et le Golden Globe du meilleur film étranger en 1965) avait débuté leur carrière américaine en mettant en chantier des films d`exploitation avec Chuck Norris et Charles Bronson, avant que leur société ne devienne, au début des années 80, la plus ambitieuse Cannon Entertainment, avec des titres tels « Cobra » ou « Over the Top » et des stars tels Sylvester Stallone, dominant pendant une décennie le Marché du Film de Cannes, achetant des centaines de pages de publicité dans les publications professionnelles, dans l`espoir insensé d`obtenir la Palme d`Or via une de leurs productions, annonçant leurs films d`auteur avec le même enthousiasme que les oeuvres purement commerciales.
En augmentant les budgets, ils augmentèrent également leurs risques, et connurent le même destin qu`Andrew Vajna et Mario Kassar pour Carolco, qui se voulait l`égal d`une major (et parfois les surpassait même !).
Suite à l`échec de Cannon, pris ensuite dans l`imbroglio du Crédit Lyonnais après que Pathe Communications de Giancarlo Parretti ait acquis 39% du capital, Menahem Golan, séparé de Yoram Globus, avait fondé en 1989 la 21st Century Pictures, puis International Dynamic Pictures, avant de retourner en Israël, produisant des shows de comédies musicales populaires telles La Mélodie du bonheur, tout en travaillant encore pour le septième art à l`occasion.
Menham Golan était né de parents polonais à Tiberius, alors en Palestine, le 31 mai 1929, abandonnant le nom de Globus pendant la guerre d`indépendance de 1948, où les Israéliens étaient encouragés à prendre des noms hébreux. Après avoir servi dans l`Air Force israélienne, il débute sa carrière au théâtre et étudia la mise en scène à l`Old Vic School de Londres de même qu`à l`Académie de Musique et de Drame de la capitale. Retournant chez lui, il dirigea plusieurs pièces avant de s`intéresser à l`industrie du cinéma, alors naissante en Israël.
Il gagna ensuite New York pour apprendre la réalisation, travaillant comme assistant sur « The Young Racers » (1963) de Roger Corman, dont les petits budgets allaient l`inspirer. Le documentaire « The Go-Go Boys », narrant les carrières de Golan et Globus, avait été projeté cette année au festival de Cannes, en présence du fameux tandem réuni pour l’occasion (sortie prévue le 27 octobre).
Au sein de son abondante production (plus de 200 films !), Menahem Golan a souvent abordé le fantastique. On lui doit notamment, la même année, « Les yeux du mal » de Gabrielle Beaumont, Schizoïd, Dr. Heckyl and Mr. Hype et New Year`s Evil , The Apple (1980), suivis de Hospital Massacre (1982), I sette magnifici gladiatori de Claudio Fragasso et Bruno Mattei, House of the Long Shadows de Pete Walker, qui réunissait Vincent Price, Peter Cushing et John Carradine, Le trésor des quatre couronnes (en 3D !), Hercule de Luigi Cozzi(1983, ainsi que sa suite en 1985), L`épée du vaillant de Stephen Weeks (1984), Déjà vu (1985), Lifeforce de Tobe Hooper, Invasion U.S.A, Allan Quatermain et les mines du roi Salomon, première apparition remarquée de Sharon Stones aux côtés de Richard Chamberlain et Herbert Lom (1985), America 3000, L`invasion vient de mars et Massacre à la tronçonneuse 2, tous deux à nouveau de Tobe Hooper, Allan Quatermain et la cité de l`or perdu, Aladdin (1986), Les Barbarians de Ruggero Deodato, Superman IV, Les Maitres de l`Univers (1987), Alien from L.A. , Journey to the Center of the Earth, Haunted Summer, Le petit chaperon rouge (1988), Sinbad of the Seven Seas, Cyborg, Le Fantôme de l`Opéra de Dwight H. Little avec Robert Englund, La nuit des morts-vivants de Tom Savini (1989), Captain America (1990), Dance Macabre de Greydon Clarke avec Robert Englund, Prison Planet, Invader (1992), American Cyborg : Steel Warrior (1993) ainsi que plusieurs films fantastiques musicaux pour enfants en 1986/87 basés sur les contes de Grimm et autres tels The Frog Prince, Hansel and Gretel, La Belle et la Bête, ou The Emperor`s New Clothes.
Excellent réalisateur à l`occasion (45 films à son crédit !), on doit notamment à Menahem Golan « Le Magicien de Lublin » (1979), avec Alan Arkin, Louise Fletcher, Shelley Winters et Valerie Perrine, basé sur le roman éponyme de Isaac Bashevis Singer, dont la chanson-titre était interprétée par Kate Bush, contant l`étrange destin d`un magicien polonais, qui, au début de ce siècle, faisait battre le coeur des femmes en jouant au funambule.
« Menahem vivait, respirait et se nourrissait de cinéma » a déclaré à son sujet un Yoram Globus choqué par cette triste nouvelle. « Il est sans aucun doute l`un des membres fondateurs du paysage cinématographique israélien. Nous avons tous deux réussi à nous imposer à Hollywood durant toutes ces années où nous avons travaillé là-bas, et nous avons eu la grande chance de pouvoir vivre de notre seule et unique hoppy – et ce n`est pas quelque chose que beaucoup de gens ont l`occasion de faire ».