VILMOS ZSIGMOND est décédé vendredi dernier… (voir ci-dessous)

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dimanche 3 janvier 2016

 

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Décédé en Californie le 1er janvier dernier à l`âge de 85 ans, ce technicien hors pair d`origine hongroise né le 16 juin 1930 avait fui l`invasion soviétique de son pays dans les années 50 et possédait l`une des filmographies les plus admirables de ces quarante-cinq dernières années, contribuant à l`émergence de ce que l`on a […]

Décédé en Californie le 1er janvier dernier à l`âge de 85 ans, ce technicien hors pair d`origine hongroise né le 16 juin 1930 avait fui l`invasion soviétique de son pays dans les années 50 et possédait l`une des filmographies les plus admirables de ces quarante-cinq dernières années, contribuant à l`émergence de ce que l`on a coutume de définir comme le Nouvel Hollywood. Contraint de faire ses classes dans les années 60 en émargeant dans des productions à petit budget comme « Le Sadique » ou « The Nasty Rabbit », puis dans des séries Z aux titres aussi évocateurs que « Psycho a Go-Go », « Blood of Ghastly Horror », « Satan`s Sadists », etc, il est engagé par Robert Altman sur le tournage du western John McCabe avec Warren Beatty l`année suivante, lui ouvrant la voie d`une décade absolument prodigieuse. Sa réputation ascendante le conduit en effet à travailler pour Peter Fonda (« L`homme sans frontière ») et à récidiver auprès d`Altman pour le méconnu Images avant d`enchainer avec des chefs-d`oeuvre tels que « Delivrance » de John Boorman, « L`Epouvantail » de Jerry Schartzberg, « Sugarland Express » de Steven Spielberg, « Obsession » de De Palma, « Rencontres du troisième typ »e de nouveau avec Spielberg qui lui vaudra un Oscar et « Voyage au bout de l`enfer » de Michael Cimino qu`il considérait comme son œuvre-phare. Les années 80 sont aussi florissantes pour lui qu`il entame avec « La Porte du Paradis » même si cet opus-ci de Cimino est un échec retentissant, renouant avec De Palma pour « Blow Out » et passant avec la même aisance de la noirceur à la fantaisie fantastique sur « Les sorcières d`Eastwick » de George Miller. Héroic-fantasy des «Brumes d`Avalon» pour la télé, western décalé (Maverick) et action movie (« Assassins ») pour Richard Donner, il se démultiplie encore durant les années 90 et 2000 entre polar nostalgique (« The Two Jakes ») dirigé par Jack Nicholson et vendetta magnifiée par l`interprétation de ce dernier dans le « Crossing Guard » de Sean Penn, du « Tombeau » au « Dahlia Noir » de James Ellroy qu`adapte De Palma pour une nouvelle fructueuse collaboration, se coulant même jusque dans l`univers si spécifique de Woody Allen (« Melinda & Mellinda, Le rêve de Cassandre, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu »). Réalisateur de l`unique «The long Shadow » en 1992, il demeurait encore fort actif dans sa spécialité tout en se lançant dernièrement dans la production, preuve d`une énergie débordante sans guère d`égal dans sa spécialité. Pour autant de grands films témoignant d`un savoir faire d`artisan accompli n`hésitant pas à l`ère de la pellicule à dénaturer le négatif pour lui conférer un grain spécifique tel un bricoleur de génie et qualifiant modestement son propre style de réalisme poétique. Une belle formule en guise d`épitaphe pour un faiseur d`images à jamais inoubliables.

Sébastien Socias